Si le bail autorise la location meublée de courte durée, le locataire est-il à l’abri d’une sanction en cas de non-respect de la réglementation sur l’usage du bien ?
La réponse est non. Même avec l’accord du bailleur, le locataire doit vérifier que l’usage du bien est conforme à la réglementation locale.
Le contexte
En 1997, la société A acquiert un appartement à usage d’habitation. En 2012, elle le loue à la société B, spécialisée dans la location meublée de courte durée.
Le bail autorise explicitement la sous-location temporaire à une clientèle n’élisant pas domicile dans les lieux. En pratique, la société B exploite le logement comme une location de type Airbnb.
La mairie de Paris intervient
La mairie de Paris assigne les deux sociétés en justice pour non-respect de l’article L631-7 du Code de la construction et de l’habitation.
Ce texte prévoit qu’un logement d’habitation ne peut être utilisé à des fins de location touristique que s’il a fait l’objet d’un changement d’usage dûment autorisé.
La condamnation
Le tribunal condamne solidairement la société A (le bailleur) et la société B (le locataire) à une amende de 50 000 € chacune.
La société B fait appel, arguant qu’elle était autorisée par le bail à exercer son activité, et que la responsabilité du changement d’usage incombait au bailleur.
L’arrêt de la cour d’appel
La cour d’appel confirme la responsabilité de la société B et aggrave même la sanction :
Société B : amende confirmée à 50 000 €
Société A : amende réduite à 25 000 €
Elle rappelle que :
La société B est un professionnel de la location courte durée,
Elle a proposé les termes du bail,
Elle connaissait la réglementation relative au changement d’usage,
Elle devait s’assurer elle-même de l’obtention des autorisations nécessaires.
Le pourvoi en cassation
La société B soutient que le bailleur était seul responsable du respect de l’usage autorisé. Elle conteste donc sa condamnation.
L’arrêt de la Cour de cassation
15 février 2023 – RG n°22-10.187
La Cour rejette le pourvoi.
Elle précise que :
À Paris, le changement d’usage d’un logement d’habitation est soumis à autorisation préalable,
La location meublée répétée à une clientèle de passage constitue un changement d’usage,
Toute personne exerçant cette activité sans autorisation est passible d’une amende, qu’elle soit propriétaire ou locataire.
Ce qu’il faut retenir
Même si le bail autorise l’activité, cela ne dispense pas le locataire de respecter la réglementation locale.
Le locataire est personnellement responsable du respect de l’usage autorisé, y compris s’il est un professionnel.
En résumé
La société B pensait être protégée par les termes du bail. Elle est pourtant condamnée, car elle n’a pas obtenu le changement d’usage nécessaire.
Ce manquement engage sa responsabilité pleine et entière.
Conseil
Avant toute location meublée de courte durée : vérifier l’usage du bien auprès de la mairie, indépendamment de ce que prévoit le bail.